Trop porté à mon goût.
- Il y a tant de Nicolas et pourtant un seul compte !
Il faudrait éliminer tous les Nicolas, sauf lui.
– Et, sauf, bien sûr, mes amis qui s’appellent aussi Nicolas.
Mais je l’avoue, un seul me suffirait.
- Donc, arrêtez d’appeler vos garçons « Nicolas » !
Sérieux, il y a tant de prénoms non chrétiens disponibles dans l’imaginaire universel des mères.
– Non, pas des pères !
Eux, ils ne comptent pas, ils ne comptent plus.
Dans la paire « père/mère », au jeu des cartes du diable, les gens ne demandent plus de pères pour des enfants sans repère.
Les femmes sont devenues les seuls pairs d’une conjugalité toute au féminin, pairs sans impairs puisque toutes au physique semblable, un physique genré, et tant pis pour ceux qui sont dérangés par cette réalité.
- Sauf que, moi, je préfère les hommes !
Pour tout dire, ma sexualité est mortellement classique puisqu’elle donne la vie.
Car il n’y a pas de vie sans mort.
Et, parmi tous les hommes, je préfère « lui ».
- C’est mon envie !
Il est tellement, tellement, tellement… je ne trouve pas les mots pour le décrire :
– beau, oui, il le sait.
Donc j’arrête de le lui écrire.
- Pour tout dire, incomparable !
– Bête aussi parfois, lui qui est pourtant une tête,
- lui qui a une tête largement au-dessus de la mienne !
– Donc j’ai décidé de lui faire sa fête à « Nicolas ».
Et je la lui souhaite par ce post publique, un peu comme si je plantais un panneau d’affichage à l’entrée de mon jardin secret, avant tout déshabillage :
– « « Nicolas », chasse gardée ! »
Malheureusement, je ne peux pas interdire que, Nicolas, lui, soit regardé du moment que vous ne me le gardez pas trop longtemps, très peu de temps :
– « Please, return to sender ! »
Promis, je vous paierais les frais d’expéditeur.
J’ai bien pensé à le pucer avec mon adresse et mes coordonnées téléphoniques plutôt que de lui passer une laisse autour du cou, pour que vous puissiez me le ramener si, jamais, il se perd dans un bordel, rendu fou sous les caresses traîtresses d’autres femmes.
– Mais comme il n’est plus puceau, c’est difficile !
« Il connaît trop bien la chanson » et est totalement imperméable aux leçons du genre.
En plus, j’ai peur qu’il ne soit réfractaire au pistage indélébile, lui dont le caractère de célibataire rejette tout dressage rédhibitoire.
– Ah, parce que, toi, quand tu aimes un homme, tu n’essaies pas de te le réserver, à toi ?
- « Tu vois, là, signe-là !
C’est marqué « usage exclusif de ton joujou » ?
– T’es sûr ?
Meuh non, t’as mal lu. C’est simplement une erreur de frappe !
– Ah non ?
Alors, sache que c’est pour te préserver de tout mauvais usage de ton corps, mon chéri !»
– Même si, des fois, tu serais prête à porter sur toi tous ses torts pour le protéger tant tu l’adores,
- surtout si tu as des origines russe et italienne, calabraise tout comme moi.
– « A l’aise, Blaise ! Tu fais quoi, là, chéri ? Tu rallumes les braises… avec une autre femme ? »
– Heureusement, tout ça, tout ça, tout ça, c’est du fantasme pur :
- pur et dur !
– Aussi dur que dure cet amour tant qu’il vit, lui, pour toujours.
- Bon, je lance un appel aux juristes féministes :
– Comment fait-on, en droit privé, pour réserver l’usage d’un prénom à un seul homme, le sien ?
– Si « la propriété, c’est le vol » ?, tant pis pour Proudhon.
Moi, mon familistère, c’est lui.
Et le plus délicieux dans cette affaire anarchiste, c’est qu’il ne le sait pas :
– mystère irréaliste d’un coeur féminin qui ne veut pas retenir cet homme audacieux ni le faire revenir
- mais ne peut que contenir cet amour idéaliste dans un rêve existentiel,
- celui de ma vie artificielle sans lui !
Lui, c’est mon diamant le plus précieux dans son écrin prométhéen :
- « Bonne fête, Nicolas ! »
– Chut, il dort.
Je rêve, c’est tout, je rêve de lui.
- Ne le réveillez pas, surtout pas, qu’il ne sorte pas de mon rêve !
- Trop de “Nicolas” !